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Installations
on both sides of the hedge, to see itself, to speak to each other, to exchange…
A residence at the Lycée Rieffel
In collaboration with the Cultural Agency of the city of Saint-Herblain and the support of the Drac Pays-de-la-Loire,
Saint-Herblain, France
Context
Date : january-june
2003
Situation
: The hedge separating the Rieffel high school of the park of la Gournerie.
Materials:
Hedge, fence, wood of chesnut, of willow, birch, stems of living
willow, iron thread, strings, benches of the high school and of the
park, small boat, carboys, water of the pond, pots of flowers, thuya
'emerald ', cans of recovery, wooden footbridge, metallic bows, net of
protection of garden, cabbages, salad, leek, celery, garlic.
Dimensions: About 180 m of long on 30 m in the broadest and 4 m of height.
Photograph:
16 photographs, the orientated half S-O / N-E, the other N-E / S-O,
recorded between 13 and on June 20th, between 10 h and 12 h for the
first half, and 13 h and 18 h for other one, when the weather is fine,
with cloudy passages.
Panels constituted by eighteen photographic pictures, totaling 371 x 124 cm installed in the High school.
Commentary (tranlation soon)
Gilles
Tiberghien rappelait dans son livre Land Art qu'une des fonctions primordiales
de l'art fut de "schématiser" notre regard, de lui fournir une forme
de représentation de la nature.
L’art in
situ, entendu ici comme art de « plein air », s'il n’affiche pas
toujours d’emblée des préoccupations paysagères, y contribue toutefois de
manière indirecte, stimulant notre imaginaire, renouvelant nos représentations.
Pour le plasticien, le paysage renvoie d'abord à des expériences perceptives, à
une ouverture aux potentialités matérielles de la nature, mais aussi à sa
dimension humaine, politique. Intervenir in situ est l'expression d'un
comportement, une façon de travailler dans ou avec la "nature", le
paysage.
-
Dans cette
résidence il s'agit plus précisément d’insister sur les entrelacs de la
technique et de la représentation qui fondent le paysage : double
acculturation toujours soumise à l’emprise du social. Une action nécessairement
trajective où les forces de l’imaginaire se conjuguent
au réel pour produire nos représentations paysagères.
Le milieu
d'accueil, condition première, détermine alors le cadre, le théâtre où vont se
dérouler les opérations : ici le site devient l’atelier. Le projet ?
C’est le site ! Le tout tente de révéler un lieu, de l’activer que ce soit
en réagissant avec ou contre un état de fait…
Concrètement
j’affiche une ambition : chercher à "embarquer" les gens du lieu
dans une aventure. L'implication des étudiants et du personnel de
l’établissement est indispensable à la réussite de l’entreprise… Il faut encore
associer des gens de « l’extérieur » pour relier Rieffel au tissu
social de la commune. C’est mobiliser des compétences. Une stratégie qui
consiste à puiser dans les ressources locales : dans l'établissement et le
parc, celles des personnels, des élèves et, tirer parti de la capacité
d'accueil du domaine : terrains, bâtiments et matériel...
L'artiste en
résidence se présente ainsi comme un greffon : il arrive avec ses compétences
et sa capacité à tirer parti du lieu où il s'installe. Bien entendu l'objectif
doit respecter des règles de réciprocité. Il ne s'agit pas de parasiter
l'établissement mais bien d'établir ce qui pourrait s’apparenter à une relation
de type « symbiotique ».
Les données du site :
la territorialisation
Avec les
questions récurrentes de l’enfrichement et de la sécurité, mon choix s’est
porté sur la haie séparant l’étang principal de la Gournerie des corps de
bâtiment du Lycée. Cette séparation interroge de part et d’autre… La question
du paysage se pose alors comme transgression de l’unité territoriale. Le désir
de voir, d’étendre la vue, de la prolonger, est un acte de liberté constitutif
de la paysagéïté.
De part et
d’autre de la haie des promeneurs et des élèves viennent se délasser.
Travailler en cet endroit revient à s’exposer. Cette zone de haute visibilité
est aussi à risque. L’impact est certain : susciter la non-indifférence, le
questionnement, voire le débat… La question sociale est un fil conducteur fort
qui guide ma recherche puisqu’en l’espèce il y va des usages, des regards.
Cette
pratique in situ ne revient-elle pas toujours à poser la question :
"qu'est-ce qu'habiter ?" Augustin Berque nous renvoie à
l’« œkoumène », ce concept grec qui définit l’espace habité,
anthropisé, aujourd’hui l’espace terrestre global : le monde…
La frontière, la
haie
Ici la
formalisation s’appuie sur la haie qui présente spontanément des percées, des
opacités sur une longueur d’environ 180 pas. L’exiguïté de l’espace du côté de
la Gournerie et l’aspect plus fermé qui coupe des bâtiments du côté de Rieffel
rapprochent des populations qui se côtoient sans jamais vraiment se rencontrer.
M’intéresse
alors d’interpeller sans tapage par une visibilité de part et d’autre… de
favoriser l’arrêt du promeneur, voire la pause ; de mettre en relation ces
espaces, au moins visuellement ; d’activer notre appréhension de la
partition des espaces par une rhétorique magico-plastique de la liaison et des
échanges : l’eau, le végétal, la terre…
Le chantier
« Faire
lieu » : des événements marquent l'espace en un temps donné.
Installer c’est s'installer, c'est mettre en place un dispositif pour habiter
l'espace et révéler un non-vu. D’abord circonscrire un espace, définir la
concession, évaluer les dérangements occasionnés, aborder les problèmes de
sécurité d’un côté comme de l’autre… Ensuite la gestion du travail s'adapte,
impose une économie : produits de récoltes, transports, appareillages
issus du stockage, du fagotage, des déplacements…
Le choix des
matériaux
Dans ma
pratique les matériaux sont généralement prélevés sur place et ou alentours.
C’est un des principes de ce travail d’installation, ici : des saules, des
châtaigniers, de l’eau, des bancs… D’autres éléments viennent compléter ces
choix : une barque, des dame-jeanne, des pots avec des plantes, un
potager… Tous sont associés à l’eau ou aux productions des jardins.
Echanger
Ramener
une
barque pour Rieffel, installer une brouette sur l’étang de
la Gournerie. Poser
le bateau sur le chemin qui mène au portillon, à 10-15
pas. Dedans, autour, des
éléments associés à l’étang
… Mettre en place un ponton, à 3- 4 m du bord, dans
l’axe du chemin. Dessus, la brouette, de la terre, un
potager…
Disposer des
bancs et les occuper
Signaler
avec les bancs une disponibilité, « un pour s’asseoir ». Remplir des
dame-jeanne d’eau de l’étang et les poser sur les bancs côté Rieffel. Installer
des pots avec des plantes de Rieffel côté Gournerie... Relier tous ces éléments
par des faisceaux de bois : entrelacer, attacher, protéger… Des objets
qui matérialisent un dialogue : en vis à vis, un face à face, un
donnant donnant…
Assembler des
faisceaux de bois
Activer le
principe du conduit pour insister sur une circulation des énergies.
« Un pour échanger » et entretenir une porosité dans la
haie : repérer le bois, le couper, le transporter, le rassembler en
faisceaux puis le lier… Eprouver sa flexibilité, le mettre en place, le lever jusqu’à
la courbure souhaitée et l’attacher.
L’art, le politique
« Les
effets du bon et du mauvais gouvernement », l’œuvre d’Ambriogio Lorenzetti
(Sienne, 1337-1339) a fait date dans l’histoire du paysage. L’action artistique
peut porter un regard critique sur notre rapport à la nature, au paysage… Il en
va non seulement d’une esthétique mais d’un engagement à travers des usages,
des pratiques : le territoire, l’environnement, le paysage, pour
qui ? Pourquoi ?… Dès lors que nous voulons entreprendre un espace,
nous avons affaire à du territoire, c’est à dire à de la propriété et qu’en
l’espèce il s’agit toujours d’une division ou du partage de l’espace terrestre
entre congénères, bref une occupation des sols pour le meilleur et pour le
pire. La « polis » des grecs nous rappelle que la vie collective est
au fondement de notre cohésion sociale. Cette séparation entre Rieffel et la
Gournerie nous renvoie à nos responsabilités…
Ainsi mon
rôle ne se confond pas avec celui du paysagiste ou de l'architecte même s’il en
emprunte parfois les manières. J’interroge les lieux pour en révéler certains
aspects sensibles. Mais le propos reste utopique – un paradoxe pour qui
s’attache à « faire lieu » –, la frontière actuelle va subir des
modifications qui le contredisent. L’intervention reste éphémère. L’érection
d’une barrière viendra valider la justesse du choix du lieu et son
interprétation. Restera la photographie qui seule, avec notre mémoire, en
attestera la scène. Fin du contrat.
Gilles Bruni, janvier-mars 2003
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