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Liste complète des installations :

Pour un paysage d'eau Bancs Publics L'arbre tombé Des gains collatéraux Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire La Sablière dans la mangrove L'Embarcadère Conversation, par jours de pluie Le Cratère La Fontaine La friche Carbolux Le Camp de l'Ermitage La barque Longue-vue-la-Masure 14 bancs face à face Balance La maison des aulnes

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Bruni/Babarit



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Version anglaise
Installations


Tel un jardin naturel (un jardin Informel)

Invité en juillet au Domaine d'Hestercome, Somerset, uk.
Gilles Bruni a été attiré par le Jardin paysagé, il a proposé deux interventions, l'une dans le bas de West Combe, tenant compte d'une situation trouvée dans un site en attente de projet, devenant un jardin informel, et l'autre dans un site du jardin historique de East Combe, actuellement fermé au public.

Dans le cadre de la résidence une marche jusqu'à West Combe est organisée les 12 et 18 juillet. Le reste du temps l'artiste demeure sur le site de l'Ermitage, accessible au public à l'occasion, pendant deux semaines, du 9 au 22 juillet.

Repères

Situation : en bas de West Combe

Matériaux rapportés et in situ : 5 billots de bois, 5 piquets, corde de chanvre, pierres de la carrière du Camp des charbonniers et du cours d'eau, cours d'eau avec fougères, saule couché
(salix caprea) avec des rejets anciens, morts et vivants, sente de blaireaux.

Dimensions : 12 m de large, profondeur et hauteur déterminées par la vue.

Dates : 3-8 juillet.


Commentaires

Mes interventions proviennent de mes marches répétées dans Hestercombe, en long, en large, par des chemins de traverse, des raccourcis qui m'ont fait entrer dans l'intimité du lieu.
A ce titre, j'ai été attiré par certains espaces, jusqu'à en retenir deux pour la résidence.

Certains fabriquent des jardins, d’autres les trouvent.

West Combe m'a séduit par son côté plus "sauvage", peu utilisé, comme un coin de campagne boisé dans lequel on décèle toutefois la main des anciens propriétaires. Une retenue d'eau triangulaire se déverse dans un ruisseau au son évocateur d'une petite chute ; plus bas, un passage se faufile dans le sous-bois, il prend la forme d'un talus de pierres bien ordonnées qui en rappelle d'autres sur le domaine.
Dès mes premières visites, en bas de West Combe, j'ai rencontré un lieu "magique", une trouée dans la végétation que j'ai pu apprécié depuis le chemin. Cette trouée m'est apparue comme une scène, un tableau. Ce tableau faisait écho aux traditions paysagères, Hestercombe était l'appui rêvé, le prétexte à mettre en scène ce ressenti, non sans quelque humour.
Le tableau : un jardin tout trouvé, avec le ruisseau qui le traverse, des plans qui en ordonne la profondeur, une densité végétale où la fougère règne, où les frondaisons inondent le site d'une belle lumière verte. Et pour l'animer, la sente des blaireaux qui s'enfonce, traverse le ruisseau pour s'évanouir de l'autre côté... Tellement spontané qu'il apparaissait comme "fabriqué", trop beau pour être "naturel". Avec l'aide de Daniel McCarthy j'ai juste "peigné" l'endroit : enlevant des feuilles sur la sente des blaireaux, apportant ici quelques pierres supplémentaires à la traversée du ruisseau, coupant là quelques branches et ployant de jeunes houx...
Pour finir le tableau : une corde qui la signale et des billots de bois en guise d'assises pour entrer dans le jardin, s'y poser, se laisser envahir par le milieu jusqu'à s'y fondre. Le code de la corde 'muséalise' et donne existence à la scène, elle annonce l’œuvre, pose une limite. Son franchissement peut apparaître comme transgression, les assises nous invite à le faire, en douceur, à transpercer l'écran du tableau pour s'installer dans la quiétude apaisante du lieu. Après coup, cela m'a rappelé cette histoire du vieux peintre chinois Wang-Fô qui, sous la menace d'un châtiment impérial, s'échappa dans son tableau (un conte de Marguerite Yourcenar).

Cette magie qui opère et qui nous fascine est une disposition d'esprit, un art de voir ce qui s'offre à nous. Le cadre du tableau est mental, un dispositif qui facilite notre vagabondage. J'y ai vu un pendant à cet art des jardins qui construisait des scènes comme autant de tableaux, et plus  particulièrement à ces lieux fort domestiqués où l'artifice est érigé en art sophistiqué, des jardins formels comme le jardin hollandais dans East Combe.
Ne suffit-il pas de se promener et de se laisser aller à ces milliers de jardins qui nous entourent, à prendre le temps de les contempler ? Bien sûr, ne soyons pas naïfs, voir des jardins ou des paysages relève d'une opération mentale qui use à l'occasion d'artifices pour transformer la Nature en Paysage. Les anciens l'avait bien compris, le miroir noir de Claude ne permettait-il pas de voir des paysages rencontrés au cours d'une promenade comme des tableaux ? Ici, l'envie de nature, en un temps où l'écologie est en passe de changer notre regard sur le foisonnement végétal, est un filtre suffisamment puissant pour transformer des espaces "abandonnés", autrefois tant dépréciés, en Paysages Naturels.Dans les expositions, Gilles Bruni met en scène des formes artistiques nées de sa rencontre avec Grand-Lieu, comme le masque-cache aussi appelé la Grande bloute, ou des sculptures hybrides entre l’animal et le végétal.

 

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