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Liste complète des installations :

Pour un paysage d'eau Bancs Publics L'arbre tombé Des gains collatéraux Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire La Sablière dans la mangrove L'Embarcadère Conversation, par jours de pluie Le Cratère La Fontaine La friche Carbolux Le Camp de l'Ermitage La barque Longue-vue-la-Masure 14 bancs face à face Balance La maison des aulnes

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Bruni/Babarit



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Version anglaise
Installation

Des gains collatéraux : l'île batailleuse
en collaboration avec Gérard Hauray

Conçu comme un projet pour la Meilleraie en forme de dispositif traversant l'ancienne forge dans la salle de réception et le patio de l'Atelier.


"Eloge de la Différence", 20 Janvier- 14 Février 2010, exposition proposée par l'association Le Salon - L'Atelier, Nantes, Loire Atlantique, France


Repères


Matériaux 
tiges de bambous et de noisetiers, potée de bambous, prêles en pots, filets de camouflage, ficelle de sisal, barque de rivière ou bachot de marinier, eau, figurines de guerriers à l’échelle 1/72e, coquilles de noix, planches, boules de terre et graines de poacées  (graminées) et de plantes ligériennes, flèches et autres tiges de bois, scions d’osier, trébuchet et lance-pierres.

Dispositifs de projections
Barque en guise de plan d’eau (3m50 X 1m20)
Arrangement végétal en guise de rivage

Dimensions
20 m de longueur maxi sur 15 m de large maxi et environ 5 m de haut

Collaboration
Charlotte, Alexandre et Simon de l’école des Beaux Arts de Nantes ; les Services des Espaces Verts de la ville de Nantes

Vidéo de Tiphaine Rivet (25 mn)



Commentaire

Au fil de nos rencontres nous avons posé quelques bases puis celles-ci ont évolué, ce temps que nous nous sommes octroyés pour cette réflexion permet une maturation du propos, l’arrivée de nouvelles idées, leur examen et toujours cette envie de mener à bien cette entreprise parce que nous ressentons une certaine justesse…

La situation de la Meilleraie (sur la commune de Varades) nous a permis de porter attention à l’île qui s’interpose entre la rive sur laquelle nous nous trouvions et la ville haut-perchée sur le coteau d’en face, Saint-Florent-le-Vieil.

Au début nous nous étions intéressés à un mode de relation entre la rive et l’île, et puis de cartes en histoires nous avons découvert un intérêt grandissant pour prendre en compte une stratification des informations : la partition historique de l’île entre régions Bretagne et Anjou. Elle est aujourd’hui divisée en 2 parties sur le plan administratif entre Loire Atlantique et Maine et Loire, les différents ménagements sur l’île, l’histoire qui lui donna son nom (cf. document en annexe), les usages liés à la présence du port de la Meilleraie, l’état actuel avec l’écologie du lieu en lien avec la Loire, etc.

A notre intérêt habituel pour la chose écologique et le paysage s’est donc adjoint la géographie des lieux et l’histoire. Si l’île Batailleuse n’est plus une île à proprement parler puisqu’un pont traverse là la Loire, elle n’en demeure pas moins un lieu fécond pour notre imaginaire. La forme de l’île, les aléas des flux et des niveaux d’eau liés à la Loire, sa difficulté d’accès, alimentent grandement notre affaire.

Sont apparus alors des questionnements autour du point de vue et du panorama, du lointain et du proche, le paysage dans lequel on marche… leur prise en charge depuis la Meilleraie avec des outils de visées… Et puis, notre intérêt pour le paysage nous a fait prendre en compte la végétation des abords et sur l’île, l’intérêt pour ce qui relève du déplacement physique sur l’île. De sorte qu’est apparue l’évidence du végétal comme vecteur parce qu’il se « déplace », migre, et que la Loire l’est aussi, transportant, charriant des matériaux, etc. Le végétal comme agent du paysage devenait un support pratique, métaphore d’autres actions qui apparurent dès lors autant indispensables qu’évidentes.

La géographie des lieux avec leurs histoires, leurs usages ont enrichit en élargissant notre projet. Le paysage n’est effectivement pas seulement affaire de couverture végétale, mais bien plus largement celle du regard sur les choses qui nous entourent et la manière dont nous les transformons…

L’histoire belliqueuse de l’île pouvait désormais devenir le lieu d’une invasion douce, d’une contamination positive (un parallèle avec notre perception du monde et ce que nous voulons défendre artistiquement aussi). L’homme, le végétal, et des histoires de conquête, mais pacifiées. Des histoires de frontières à outrepasser, mais de manière élégante.

2- Première phase // matérialiser l’idée force dans « l’Atelier » à Nantes

Avec la proposition de Jane Rivet de participer à l’exposition « « Eloge de la Différence », nous avons l’occasion maintenant de réfléchir autrement, à distance, avec les lois du projet. Mais nous ne voulons pas nous en tenir strictement à celui-ci. L’enjeu pour nous est d’en faire un objet de réflexion par transposition de notre affaire dans l’espace même de « l’Atelier ». Après plusieurs propositions qui, pour des raisons inhérentes aux choix d’organisation de l’exposition de Jane Rivet, nous nous sommes restreints à utiliser une partie de la salle de réception et d’exposition (la partie sise près de la cheminée condamnée) et une partie du hall qui reçoit la lumière naturelle et se trouve pavée.

Dispositif pressenti

• Barque, eau, sable
• Arc, lunettes, sarbacane, arbalète, catapulte, etc.
• Végétaux, pots de fleurs
• Une trajectoire qui part de la salle de réception et d’exposition au patio
• Dessins et/ou photographies
• Vidéo et dispositif sonore

Nous avons pris le lieu comme espace métaphorique de notre propos en lien avec la Meilleraie.
Entre histoire et narration spatiale qui se déploie entre la forge et le sol du hall sur
lequel seront posés des pots et des boules de terre de toutes dimensions. De la forge, la traversée de la salle vers une arcature jusqu’au sol du hall… Sur le sol, du sable (sur environ 2 cm d’épaisseur), sur toute la longueur de notre installation, un dispositif qui comprendra des armes de jet, y compris en grand format. Les arcs feront le lien avec les pots et boules de terre sous la forme d’une trajectoire manifestée par un trait. Au sol, entre la forge et le sol du hall, une plate de Loire. Dans cette plate, de l’eau, dans une sorte de renversement (de contenu la barque devient contenant) et de réduction en terme d’échelle (miniaturisation). Une façon de chercher à nous transporter, à nous embarquer dans nos pérégrinations.
Dans l’eau, une armada de coquilles de noix qui se chargeront de féconder « l’île » des graines qu’elle transporte : une conservation de nature…

Vue du ciel – changer d’échelle - situation poétique – traversée / trajectoire – l’ile / ligne d’horizon / réceptacle

Transition
On part des lieux et ceux-ci deviennent supports de métaphores. L’espace des lieux est pris en tant que métaphore et se constitue dans des flux : fleuve, sable, remontées botaniques de l’Estuaire… Jeu des partitions, des divisions, des frontières naturelles… et par extension, des problèmes géopolitiques, historiques….

A la Meilleraie, la trajectoire, c’est aller voir aussi, avec la barque, l’île, indistincte… La barque de l’exposition est déjà ce dispositif d’une trajectoire, d’une approche… tout en état cet outil, ce microscope qui nous donne à voir un monde.

3 – Fécondation

Soit le déroulement d’une installation possible pour septembre 2010 car notre projet reste évolutif et la préparation de l’installation pour l’exposition dans « l’Atelier » à Nantes nous apporte aujourd’hui des informations nécessaires au déroulement d’une suite pour septembre 2010. Toutefois voici quelques pistes pour la Meilleraie : nourri de notre imaginaire et aussi des lieux mêmes, de nos expériences réciproques (historique, scientifique et artistique), nous avons établi les principes d’une grande métaphore issue de ce lieu où nous voulons faire exister le projet, de cette histoire belliqueuse… entre distance et proximité avec un dispositif pour propulser, féconder… un dispositif pour lancer des « ponts » entre les berges et l’île.
La superposition de l’histoire, de la géographie, des usages et du mode de dispersion/fécondation de la végétation nous entraîne vers une approche globale, métaphorique où le local nous renvoie au global.
Pour ces raisons le fait botaniques nous importe dans ses modes d’être et de
colonisation des milieux à l’image de nos manières de dispersion humaine, ici entre autre la mémoire viking.

Nous envisageons un repérage botanique : amener le public à découvrir et observer les plantes, guidé par Claude Figureau, botaniste.

Formalisation de nos idées
Avec des matériaux et du matériel pressentis comme une barque, une catapulte, des végétaux, des outils de visées, etc.
Nous mettons en place des moyens, des trajectoires qui relève d’un dispositif de colonisation / invasion qui renvient à des modes de projection de l’être humain (invention des armes, partant d’éléments naturels pour un prolongement des corps).

Installer des objets sur un banc de sable entre la Meilleraie et Saint-Florent le Vieil permettrait d’envoyer en l’air, de propulser des graines de plantes collectées avec des arcs, des flèches, etc. autant de façons d’« essemer la paix » au fil de l’eau, ce à travers des actions d’artistes, du public, des archers, des lanceurs. Par retournement, l’acte guerrier devient ici un acte réparateur.

Du champ de nos expériences artistiques poétiques et politiques, nous nous interrogeons sur la place de l’être humain au monde, comment nous sommes aujourd’hui travaillés par ces phénomènes de nature, questionnant des armes de destruction avec un projet de renversement, « de gains collatéraux », c’est-à-dire pouvant devenir des propulseurs de vie.

Gilles Bruni et Gérard Hauray, octobre 2009

 

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