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Liste complète des installations :

Pour un paysage d'eau Bancs Publics L'arbre tombé Des gains collatéraux Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire La Sablière dans la mangrove L'Embarcadère Conversation, par jours de pluie Le Cratère La Fontaine La friche Carbolux Le Camp de l'Ermitage La barque Longue-vue-la-Masure 14 bancs face à face Balance La maison des aulnes

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Bruni/Babarit



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Version anglaise
Installations

Longue-vue-la-Masure : en hiver, en été, face au lac, le jardin, la maison... 


Commande de Arnaud et Nathalie de la Cotte
Saint-Lumine-de-Coutais, France



Repères


Date : Hiver 2001-été 2003, Saint–Lumine–de–Coutais

Dimensions : 11 à 15 m de large x 24 m de long.

Matériaux : Pierres, terre, branches de saules commun, bûches de châtaignier, scions d’osier, plants de frênes, semis de dactyle, de trèfle blanc, de fétuque élevée, bouillées de fragon, transplantations de végétaux prélevés alentours, produits de fauchage.

Paticipations : Arnaud, Nathalie, Noémie, Léobin et Bérénice de la Cotte ; Michel l'agriculteur qui travaillé le sol, Gilles Guérin pour les graines, Luc et Fred pour leur coup de main, Matthieu et Martin assistants, Yoann Leclaire, Clément Bruni, la Mairie de Saint-Lumine qui a donné l’autorisation de prélever du bois dans les haies à la tuilerie, Jean Martinet qui nous a permis de faire du bois dans le “bois de Saint-Aignan”, le garage Beillevere de Saint-Lumine pour le transport de la barque

Photographie : Commande d'un triptyque en 2006 pour la maison, 100 x 80 cm, 60 x 80 cm et 100 x 80 cm


Commentaire

Longue-vue-la-masure est un observatoire des saisons, du temps et des marées du lac.

Avec ma première visite, j'ai appris à vivre dans ce lieu, découvrant l'alternance de deux saisons se définissant par une marée haute et une marée basse, elles rythmaient et rythment encore la vie locale : pêche hivernale et pâturages estivaux. Les vents dominants d'ouest y amènent la pluie, propulsant des nuages animant le paysage par des alternances d'ombre et de lumière, d'ouest en est, par vagues successives sur la maison.

Depuis la maison on assiste ainsi au spectacle quotidien du ciel et des terres d'en face (la Retardière, la Mazelle, le Petit Verger, le Branday…) ; la vue se fait profonde ; on voit à plus d'1,5 km et le plan du ciel répond au plan du lac, en miroir.

L’architecture forte de la maison a été conçue dans l'axe est-ouest comme une sorte d'observatoire du paysage du lac, sur le modèle de l'œil (en coupe), articulant l'objet regardé, le parcours matérialisé par le jardin et la salle de la bais vitrée - "l'humeur vitrée". La vitre fonctionne alors comme plan du tableau - la "cornée". L'axe impose ainsi l'ordre du regard : un paysage qui s'offre jusqu'à l'aveuglement solaire dans les belles après midi d'été. Une fascination.

Mais ma fascination pour cet espace large et profond du lac et du ciel provient sans doute de quelque chose de moins spectaculaire, de cette connivence du paysage formant ici une poche, avec l'oeil qui semble y trouver sa place, un réceptacle.

De sorte que ce champ visuel a été matérialisé, ou plutôt souligné au premier plan par la surface qui s'étend de la bais vitrée au chemin qui borde le terrain à l'ouest. Cette partie ouest du terrain est utilisée comme espace plastique investi pour faire lien avec la vue sur le lac et la baie vitrée : convoquer de l'espace lac par un tracé au sol qui en complète la forme, et un dispositif d'éléments stockés répartis en délimitation de cet espace (produits de fauchage, empilement de pierre, bois… ) en réponse aux "bouillées" de saules visibles dans l'espace-lac.

Ma position oscille alors entre une intervention paysagère et une intervention plus "sculpturale", les bas côtés servant de butées (comme avec la haie de fruitiers existante) où l'absence de séparation physique avec le voisin trouvait là une solution pour éviter la dispersion de l'attention : encadrement, guidage du regard par progression concentrique (de la baie vitrée aux rangées de pommiers, puis aux haies hautes…).

Un emboîtement découle de cette logique d'empilement, à l’image de tubes de longues-vue. Les constructions discrètes rythment la progression d'un espace qui s'élargit avec la vue (ouverture du champ visuel), jusqu'à suggérer en bout de terrain le principe formel en berceau censé articuler système visuel et haies bocagères afin d’embrasser la forme-poche du lac et du ciel.

La partie centrale reste assez basse et homogène dans un premier temps pour ne pas offrir de butées au regard, fétuque, dactyle et trèfle blanc, avec une partie courte au fond, fauchée au besoin… L'utilisation de plantations, à l'image de celles existantes dans le paysage du lac, organise discrètement l'espace plastique en réponse aux bouillées de saules dans l'espace du lac (une articulation formant ensemble une ellipse).

Le tout restant évolutif, à reconsidérer chaque année, peut-être d'une saison à l'autre (les changements sont suffisamment importants).

Gilles Bruni, Clisson, hiver 2001
 

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