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Liste complète des installations :

Pour un paysage d'eau Bancs Publics L'arbre tombé Des gains collatéraux Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire La Sablière dans la mangrove L'Embarcadère Conversation, par jours de pluie Le Cratère La Fontaine La friche Carbolux Le Camp de l'Ermitage La barque Longue-vue-la-Masure 14 bancs face à face Balance La maison des aulnes

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Bruni/Babarit



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Version anglaise
Installations

Conversation, par jours de pluie : deux fontaines...


"Les Environnementales 2008"
5e Biennale d'art contemporain à ciel ouvert
Parc de la CCIP, Jouy-en-Josas, Yvelines, France



Repères


Contexte : Un lieu, près du hangar où HEC rangeait ses canoës, pas très loin de la grotte où était situé l’ancien buffet d’eau au  XVIIe siècle.

Matériaux : Gouttière et descente pvc, barque préparée à l’émulsion bitumeuse, buse existante, eau de pluie, bruits de chute d’eau, deux visuels tirés en jet d’encre montés sur panneaux contreplaqués et demi-chevrons.

Dispositif : gouttière et descente en PVC montées sur le hangar, barque préparée à l’émulsion bitumeuse pour recevoir les eaux de pluie ; bande de plantes coupée au bord du plan d’eau ; en face, éclaircie des abords de la buse ; deux panneaux posés de part et d’autre du hangar avec textes et image.

Dimensions de l’in situ : 18 m (L) x 25 m (l) x 3,5 m (h)

Collaboration : Sylvain, Quentin, Laurent Romain, Loïc et Arthur, étudiants en BTS AP2 ; Corinne Meynial, paysagiste enseignante ; Christian Calin, maintenance matériel TP ; Joël Landrin, menuisier ; Mathieu, étudiant en L2 Arts Plastiques ; Galaad Prigent et les éditions Zédélé.


Edition


Une publication produite avec l'installation est parue aux éditions Zédélé pour accompagner l'installation. [
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Commentaire

Je suis parti du constat que le parc avec son histoire est interrogé par de nouveaux usages : en 2007, les services techniques de la CCIP acheminent les eaux de pluie du campus d’HEC jusqu’au petit bassin alimentant la grotte cascade, créant fortuitement une nouvelle fontaine. L’apparition de cet élément dans le parc transforme indéniablement la perception de l’endroit. Le petit bassin était un élément discret, plutôt fermé, il s’est ouvert créant des ponts dans la lecture que nous pouvons faire de l’endroit, en comprenant le hangar et le plan d’eau à côté.

Plan d’ensemble

J’ai vu une discrète métaphore de la machine de Marly, contemporaine de ce parc du XVIIe siècle, un projet démesuré destiné à alimenter en eau les fontaines de Versailles et de Marly.  Les principes de collecte d’eau, d’acheminement et des jeux d’écoulement font ici partie intégrante du lieu, nous sommes dans une vallée qui a été particulièrement domestiquée entre le XVIIe et le XIXe siècle : là une fontaine, une grotte, des plans d’eau… tout un réseau qui se trouve aujourd’hui réactivé/réactualisé par les travaux effectués sur le vallon d’HEC. Là où l’agrément se mêlait à l’intelligence de l’hydraulique, la nécessité de se mettre aux normes impose des vues pragmatiques qui se superposent au projet ancien qui a façonné le lieu.

Dispositif

Aussi ai-je décidé de faire une installation faisant dialoguer ces fontaines, non sans malice, en tirant parti de la pente du toit du hangar pour révéler cette nouvelle situation. Le principe de l’écoulement, de la conduite et du déversement se trouvant dans l’évacuation d’eau de la toiture du hangar et dans le dispositif d’acheminement des eaux pluviales en face m’a donné l’idée de cette sorte de fontaine dérisoire, contingente… simple gouttière se déversant dans une barque en guise de bassin faisant face à la bouche de la buse, fontaine moderne s’écoulant dans le petit bassin, jouant de similitudes :

En vis-à-vis de la bouche de la buse, une gouttière de récolte d’eaux de pluie, installée dans le prolongement du toit du hangar, déverse un mince filet d’eau se déversant dans une barque en guise de bassin. Cette petite fontaine est là pour révéler l’autre, dans une conversation où l’une, ouvre grand la gueule (terme des fontainiers du XVIIe siècle) face à l’autre, petite, murmurante. Cette image poétique suggère par une superposition décalée la connivence que nous pourrions établir entre le passé et l’avenir, et ce, d’autant plus subtilement que le dispositif sera pleinement actif uniquement par jours de pluie.

Décalage

J’ai complété ce dispositif par l’introduction d’un panneau venant signaler par une superposition décalée la connivence qu’il y a entre la fontaine historique voisine (la grotte cascade) qui se trouve désormais déclassée, hors champ, et la nouvelle situation. Le visuel proposé, un dessin à la manière de…, est accompagné d’un texte qui en complète l’action par son caractère historique, le tout venant jouer  avec l’apparence de l’information, sur un bruit de fond de chute de l’eau, celle de la grotte cascade :

Histoires de fontaines - En 1755, Antoine Joseph Dezallier d’Argenville décrit ainsi le parc de Jouy dans Voyage pittoresque des environs de Paris : « Sur la droite du château construit à l’italienne, on descend par un grand escalier en fer à cheval dans le parterre de l’Orangerie orné d’une très grande pièce d’eau à oreilles. C’est autour de celle-ci qu’on range les orangers qui ne le cèdent qu’à ceux de Versailles et des maisons royales. Ce morceau est terminé par une futaie dans laquelle on remarque une fontaine d’un dessin des plus élégant. Cette fontaine rocaillée est surmontée d’un baldaquin. »

En 1805, Monsieur Seguin, fournisseur des armées de la révolution et du premier empire fait reconstruire le château et poursuit la transformation des jardins en parc à l’anglaise. On lui doit la transformation du buffet d’eau en grotte cascade.

En 2007, les services techniques de la CCIP acheminent les eaux de pluie du campus d’HEC jusqu’au petit bassin alimentant la grotte, créant fortuitement une nouvelle fontaine. Pour les Environnementales, Gilles Bruni fait dialoguer ces fontaines, non sans malice, en tirant parti de la pente du toit du hangar, dans une installation : Conversation, par jours de pluie : deux fontaines...

Gilles Bruni

 
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