Accueil
Installations
Expositions
Editions
Projets
Invitations
Biographie
Textes
Liens
Contact
Pour un paysage d'eau
Bancs Publics
L'arbre tombé
Des gains collatéraux
Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire
La Sablière dans la mangrove
L'Embarcadère
Conversation, par jours de pluie
Le Cratère
La Fontaine
La friche Carbolux
Le Camp de l'Ermitage
La barque
Longue-vue-la-Masure
14 bancs face à face
Balance
La maison des aulnesBruni/Babarit
|
Installations
Conçu
comme un triptyque ce projet combine deux installations et une
exposition, en relation avec l’histoire karstique des causses et
des habitats
troglodytiques, l'agriculture et l'industrie
Veilleurs du monde 3
Maison des
arts Georges Pompidou, Centre d'art contemporain à Carjac
Résidence aux Maisons Dora, Saint-Cirq Lapopie, France
Exposition du 4 au 13 septembre 2009
Repères
« Documentaire », au centre d'art de Cajarc :
Panneau photographique, 8 planches imprimées, vidéo et 3 photographies.
« Grotesque », aux Maisons
Daura :
Installation
dans la cave avec diverses espèces de mousses issues de deux sites
envahis, du mobilier récupéré alentour, des sons issus des
canalisations des eaux usées et eaux courantes de la maison avec un
dispositif sonore d’Akira Sunrise
« Au bout du tunnel », voie ferrée de Cénevières : Entrée
du tunnel ferroviaire, Sortie du village, entre le cimetière du village et la
maison de Garde Barrière, D8, route de Calvignac.
Dispositif :
- un tronçon de ligne de chemin de fer abandonné en guise d’échelle du temps ;
- avec du matériel et des jouets récupérés renvoyant à des moyens de transport ;
- un
tunnel en guise de grotte avec des encombrants récupérés à l’entrée ;
- deux
lampes solaires en guise de phares…
Matériaux : épave de barque
du Lot, quatre fer à chevaux / Roulants : Roues de landeau, 8 jantes de
voiture, chareton avec cyclomoteur, moto, tondeuse à gazon électrique usée, encombrants.
Dimensions : environ 4,5 m de largeur x 2,5 m maxi de largeur x 102 m de longueur.
Collaboration : Maurice et Jean-Marie, du village ; Laure et
Jessie, Pauline et Rachel, Marion, assistantes stagiaires du
Centre d’Art ; L’équipe des Abattoirs, musée de Toulouse.
Commentaire
Au cours de cette résidence
aux Maisons Daura, j’ai abordé les lieux en sillonnant la vallée, montant à
l’occasion sur les causses, cherchant sous ce paysage aimable quelques éléments
récurrents. Ainsi sont apparus ces trous ou cavités qui hantent les lieux à la
croisée de l’histoire karstique des causses et des habitats troglodytiques. Ils
m’ont fasciné, recélant une part de mystère en lien avec un univers chtonien.
Alors qu’ils m’apparaissaient parfois naturels, j’apprenais de manière
inattendue leur lien avec une histoire des lieux assez récente, entre
agriculture et pratiques industrielles.
Reflux
A partir de ce nouveau fil
conducteur j’ai perçu différemment ce paysage. Sous la végétation forestière
des hauteurs, je découvrais les ruines et délaissés d’une occupation agricole,
d’habitats ou bien d’une exploitation
minière de phosphate… Ce paysage masquait des situations abandonnées. Un peu
partout la végétation recouvrait nos délaissés, signalant un retrait progressif
de ces territoires. Dans la vallée, j’avais déjà
pu observer sans trop y porter attention que des voies de communications avaient
subi une désaffection, la ligne de chemin de fer apparemment en usage était en
réalité envahie par endroit, reconquise par une végétation rudérale, et j’ai
appris que le fleuve avait été lui aussi déserté, seule la route montrait un
usage intensif… Les pratiques économiques
ont bousculé en un siècle les modes de vie des habitants, masquant des blessures,
entre repli et réorientation des usages, interrogeant de fait le devenir de ces
territoires. Parler aujourd’hui d’écologie c’est aussi évoquer la
transformation des paysages, l’occupation du territoire et des manières d’en
vivre.
Trois lieux
De sorte que j’ai conçu mon
travail pour le Parcours d’art contemporain comme un ensemble, avec des
préoccupations qui se retrouvent dans les différentes propositions comme autant de gestes qui
concluent ce séjour. Au Centre d’Art de Cajarc, la
mise en place de "Documentaire" a pour objectif d’introduire le
visiteur à ma démarche, avec des planches d’images de « grottes », cavités
et autres niches, un panneau sur les trois voies de communications dans la
vallée, une vidéo d’une marche sur la voie ferrée entre la « gare »
de Calvignac et le tunnel de Cénevières, et des documents sur une table... Il
dresse en quelque sorte un état des lieux.
Au bout du tunnel
A Cénevières, j’invite le
visiteur à se rendre au tunnel ferroviaire creusé dans la roche, une situation
abandonnée qu'il fallu négocier âprement avec R.F.F. pour apprendre finalement
son déclassement… On y accède entre une maison de garde-barrière et le cimetière
du village. Rapidement la voie s'enfriche jusqu'à être obturée par la
végétation, au creux d'un « canyon » qui a été creusé à la fin du 19e
siècle, masquant l'entrée du tunnel. Cette situation m’a rappelé la vallée du
Lot par endroit encaissée, avec une
entrée sombre quelque peu inquiétante qui s’enfonce dans la roche, non loin de
la route et du fleuve… J’y ai installé « Au bout du tunnel », un
parcours longeant la voie ferrée sur laquelle ont été déposés des objets
usagés, récupérés alentours, auprès de gens du coin, dans des déchetteries ou
des lieux de recyclage comme Emmaüs… L’invitation à cheminer le
long de cette voie abandonnée nous plonge dans cette ambiance particulière de
la vallée du Lot, en lien avec son développement et son déclin. J'ai juste
ménagé des accès de part et d’autre du chemin de fer, préservant cette végétation
conquérante qui en condamne l’usage. Mais cette voie ferrée est aussi
échelle de temps sur laquelle sont posés des éléments, comme une piste à
suivre : de la barque qui pourrissait sur une berge du Lot, en passant par
des fers à chevaux, vestiges des pratiques passées, à des jantes de « bagnole »
en guise d’évocation du ferroviaire, et de multiples objets « roulants »
(vélos, moto, jouets…) jusqu'à l'orée du tunnel. Une voiture termine ce
cheminement et se trouve bloquée par un chaos d'encombrants (machine à laver,
frigos...) qui s’enfoncent dans la gueule béante du tunnel abandonné. Le tout
est de fait assez théâtral, la configuration particulière de ce site a favorisé
la matérialisation de cette métaphore consumériste. Celle-ci nous amène à nous
interroger sur ce qui s’ensuit. Au fond, tapis dans le noir, deux lumières…
Grotesque
Aux Maisons Daura, dans la
cave voûtée de la maison principale, j’ai trouvé une situation qui m’a rappelé
l’univers karstique par l’ambiance et où les bruits d’eau étaient évocateurs.
La maison elle-même devient un système aquifère au travers de ses conduites
d’eau usées qui traversent cette « grotte ». L’élément sonore devient
ainsi un élément déterminant pour lequel j’ai sollicité une contribution
d’Akira Sunrise, sous la forme d’un dispositif sonore. Ici l’image du végétal
reprend le dessus, un principe de recouvrement déjà évoqué qui efface les
traces d’occupation humaines, attestées ici par quelques éléments de mobilier.
La cavité a été habillée de mousses provenant de lieux où celles-ci envahissaient leur environnement, arbres, rochers… Le
résultat produit quelque chose de décalé, non sans humour, m’évoquant quelque
peu l’art grotesque inspiré par la redécouverte à la Renaissance de maisons
romaines enterrées.
Gilles Bruni, juillet-octobre 2009
|
|
[ + ] Grotesque
[ + ] Documentaire [ + ] - [ + ]
[ + ] Au bout du tunnel
|